LES BIENFAITS DE L’HYPNOSE
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En pratique
Quelques repères au sujet de la pratique de l’hypnose.
Qui? Tout professionnel de santé peut se former à l’hypnose et ainsi doubler sa pratique d’un accompagnement par l’hypnose si le patient le souhaite, par exemple pour soulager une douleur, alléger une opération, affronter la phobie de l’aiguille.
Pour qui? Pas de contre-indication connue à l’hypnose à partir du moment où l’attention peut être mobilisée. Elle donne de très bons résultats en pédiatrie et chez les adultes affectés par des douleurs physiques ou psychiques.
Quel contexte? Elle se glisse dans les consultations comme de la «psychologie de soutien» ou est comptée dans le «temps relationnel».
Quel investissement? L’hypnose s’inscrit dans le registre des «thérapies brèves». Pour un problème donné, trois à cinq séances peuvent suffire.
Quel repère? Si les diplômes sont là pour attester le cadre éthique dans lequel exerce l’hypnothérapeute, comptent également la qualité de la relation et le ressenti d’un apaisement dès les premières séances.
Bien qu’encore nimbée de mystère, l’hypnose est parvenue ces dernières décennies à revenir au bloc opératoire par la grande porte. La raison? Ses résultats! Parmi les plus concrets: sédations locales en remplacement d’anesthésie générale, quantité moindre d’antidouleur administrée et cicatrisation plus rapide. «Bien sûr, certains actes de chirurgie, comme les opérations à cœur ouvert, nécessitant l’inconscience et le repos musculaire absolu du patient, ne peuvent se passer d’anesthésie générale, souligne le psychiatre, psychothérapeute et spécialiste de l’hypnose, Pr Eric Bonvin*. Mais l’hypnose est de plus en plus utilisée, en complément d’une anesthésie uniquement locale, pour des interventions simples sur un membre, la thyroïde ou une extraction dentaire, par exemple. Autant d’opérations durant lesquelles le patient peut rester pleinement conscient.»
Plus présent que jamais
Car si l’hypnose a été le premier «outil» d’anesthésie des chirurgiens du XIXe siècle, elle consiste en tout sauf à endormir l’esprit. «Sous hypnose, le patient est plus présent que jamais», indique le Pr Bonvin. Aidé de l’infirmière ou de l’anesthésiste formé à l’hypnose – dont le rôle sera également d’être attentif à toutes les sensations éprouvées par le patient –, ce dernier va guider et occuper son attention, jusqu’à la saturer, sur d’autres perceptions que celles de la partie du corps opérée. Par le biais généralement d’un univers intérieur, généralement prévu avant l’opération. Une plage paradisiaque, une montagne féerique, des lieux paisibles mais dissolubles à tout moment: «Si l’on parle souvent de «lieu de sécurité», le terme est trompeur, nuance l’expert. Le refuge mental dans lequel vogue l’esprit du patient n’est pas un lieu figé emmurant la personne et la coupant de ses sens.» A l’instar d’un spectateur au cinéma, plongé dans le film mais tout à fait apte à réagir si le portable de son voisin sonne, la personne sous hypnose reste maîtresse de la situation.
Les résultats sont donc là, certes. Mais que se passe-t-il vraiment pendant ce voyage intérieur, aussi appelé «transe hypnotique»? Tout n’est pas clair. Ce sont d’ailleurs ces zones d’ombre qui ont, durant plusieurs décennies, éloigné l’hypnose du monde scientifique, mais jamais vraiment de la médecine elle-même… L’imagerie médicale a ainsi apporté un éclairage éloquent: durant la transe hypnotique, certaines zones du cerveau s’activent comme si la scène imaginée était réellement vécue par les sens. Autrement dit, le corps est au repos, mais l’esprit vit le moment rêvé comme s’il était réel. Un état de veille paradoxale en quelque sorte.
Possibilités illimitées
Dès lors, l’utilisation de l’hypnose se justifie bien au-delà du bloc opératoire: «Tout ce qui est de l’ordre de la sensorialité, de la perception, peut être influencé par les jeux de l’attention que propose l’hypnose», indique le Pr Bonvin. En effet, les douleurs chroniques ou aiguës, dans ce qu’elles ont de plus subjectif – l’anxiété, dont les ressorts s’ancrent bel et bien dans l’esprit lui-même, ou encore les phobies, qui déchaînent l’imaginaire au-delà du raisonnable – peuvent s’apaiser par le biais d’une pratique de l’hypnose, ou de l’autohypnose, qui va progressivement aider à guider l’attention. La douleur est là, subie par le corps, mais l’esprit parvient à avancer vers cette bulle imaginaire où il va s’alléger, se calmer, calmant le corps en retour.
«L’hypnose utilise ainsi les possibilités illimitées de l’imagination pour modifier la perception de la souffrance et apporter un soulagement », résume l’expert qui en estime les bénéfices bien au-delà des épisodes de soin. «La plupart de nos souffrances sont liées à un refus, à une crainte et à un désaccord entre ce qui se passe et ce que l’on voudrait. Tout cela est de l’ordre de la présence à soi, «ici et maintenant ». L’hypnose n’est pas une baguette magique: elle ne change pas la réalité, mais elle nous aide à faire avec.»
Article de planetesante.ch